La nuit. La pluie. Un homme accoste un inconnu dans la rue. Il lui parle de travail, de putes, d’argent, de salauds, de flics, d’armée, de politique, du Nicaragua, de la jouissance impossible et du rêve fou d’un peu d’herbe où poser ses fesses ne serait-ce qu’un instant... Quel titre ! Mystérieux et sombre, promesse de poésie, de peur et de secrets. Un titre qui évoque l’ombre et les arbres, or nous voici plongés sous les lumières blafardes de la nuit urbaine. Koltès écrit en 1977 ce texte brûlant - aujourd’hui politiquement explosif - à l’heure où l’Autre est un étranger.
Un spectacle de la Compagnie Bordcadre, créé en 2019 au Café de la Danse, repris au Lavoir Moderne Parisien et au Petit Louvre au Festival d'Avignon. Avec l'accueil de ce spectacle, le Théâtre La Boutonnière et BordCadre posent les premières pierres d'une mutualisation.
Note d'intention
La parole que contient ce texte est poétique à l'envers, parce qu'elle est brute, parce qu'elle racle, parce qu'elle est rayée. Répétitions, boucles, redites, motifs qui s'enchevêtrent et se répondent chaque fois différemment, cauchemar et délice d'apprentissage pour l'acteur.
C'est une parole de contraste. En montant cette pièce, ma crainte était de noyer le spectateur pris en otage par la logorrhée de l'étranger, au point de le rendre incapable d'entendre et d'écouter l'extraordinaire parole de Koltès. Il était fondamental pour moi que la situation et ses enjeux soient limpides et concrets. C'est pourquoi un hold up scénique fait la particularité de cette mise en scène rendant effectivement audible le texte et générant une instabilité propice à cette folle nuit.
Le protagoniste est un de ces inconnus envahissants qui, de façon intempestive, nous tombent parfois sur le coin du nez au détour d'une rue. « L'Autre » ! Le relou, le mendiant, l'étranger. Il ressemble à ceux qui se multiplient sur les trottoirs de nos villes, parmi les rats, sans abri sous la neige et la pluie, arpentant le métro. Ces « autres » que nous laissons (sur)vivre ou périr à nos côtés, évitant leurs regards, retenant nos mains que nous ne savons pas comment tendre, pris que nous sommes dans nos propres engrenages, révélateurs d'une civilisation malade d'hypocrisie.
Et alors qu'il parle, cet autre, qu'il se répète, qu'il nous envahit de sa parole débordante, c'est nous-mêmes que nous rencontrons, nous l'enfant vibrant au coeur brisé, révolté par l'incohérence du monde, par le mensonge social, nous aspirant au partage, à la paix, à l'amour. Cet « autre », c'est nous avec ce que nous avons de plus enfoui. Puis fascinés nous découvrons dans ce reflet distordu un nous intègre, prêt à accepter les conséquences radicales de nos convictions, à être ce fameux « changement que nous voulons voir dans le monde ».
Il s'agit d'accompagner le spectateur à travers le miroir dans une expérience sensible et troublante, celle du catalogage immédiat de la différence, de l'altérité radicale, pour ensuite le saisir par surprise de cette chose universelle et intime : être en (-) vie.
Cécile Rist - metteuse en scène
Dates du 9 au 12 novembre 2021 à 20h30 du 7 au 10 décembre 2021 à 20h30 Durée 1h25 Entrées : 25€ Tarif plein, 15€ Tarif réduit (chômeurs, -26 ans) Réservations recommandées en raison des obligations sanitaires (port du masque obligatoire)
Une production de la compagnie BordCadre avec le soutien de l'AF&C et de la SPEDIDAM
Mise en scène : Cécile Rist Assistants : Gilles Comode et Mélanie Carrel-Colomb Recherches musicales : Bastien d’Asnières Collaboration aux lumières : Carole Van Bellegem Conseiller au mouvement : Matthieu Gaudeau Avec Guillaume Tobo
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